Entrevue avec Amina

1. Qu’est-ce qui vous a poussé à immigrer aux Québec ? 

Pour moi, c’était plutôt qui? C’est mon mari en fait qui m’a proposé l’idée. Au début, je n’étais pas très ouverte à l’idée, je ne voulais pas laisser tomber ma famille et mes études. Mais il m’a convaincu grâce au système de santé et de l’éducation. On a choisi le Québec précisément, car c’est une province francophone, nous on maîtrise bien le français et juste un peu l’anglais.


2. Quelle a été votre première impression en arrivant au Québec ? Quelles sont les plus grandes différences entre les deux pays ?

Nous, on est arrivé la nuit, alors on a rien vu (rire). Sinon dans les jours suivant, et bien j’ai surtout remarqué le froid, on est arrivé en fin septembre et au Maroc il faisait 34 degré, alors qu’ici c’étais l’automne. Mais sinon, c’étais beau avec toute la nature. Ce qui m’a impressionnée le plus au début, c’était que les routes étaient larges et propres, il y a avait beaucoup de verdure et tout était spacieux. Les différences, je dirais que déjà les constructions ce n’est pas pareil. Chez nous, il y a de grands bâtiments tout en béton avec des clôtures en fer, ici c’est des maisons avec des jardins et juste des petites clôtures. Sinon, les différences entre les habitants, il y en a beaucoup, ce n’est pas la même culture, ce n’est pas les mêmes habitudes, pas le même mode de vie, pas la même religion. Et surtout pas la même mentalité, ici il y a moins de disputes, les gens sont moins stressés, moins tendus. Ils sont plus calme en apparence du moins, maintenant à l’intérieur je ne sais pas (rire).


3. Le Québec a-t-il été à la hauteur de vos attentes

Non pas vraiment, j’ai été un peu déçue. Du côté de l’intégration et de notre projet de vie, ainsi que du système de santé. Par rapport à l’Algérie c’est bien meilleur, mais sur le côté professionnel ou à la reconnaissance des diplômes, c’est plutôt décevant.  Pour devenir médecin comme dans mon pays d’origine, il fallait refaire beaucoup de choses. Par contre pour le système d’éducation, je n’ai rien à redire.


4. Quelles sont les plus grandes difficultés auxquelles vous avez dû faire face à votre arrivée?

Outre la reconnaissance des diplômes, les difficultés c’était surtout de s’intégrer. Tout est différent et il y a un peu de racisme, je pense. Sans rentrer dans les relations interhumaines, les services et les administrations sont à la hauteur, mais par rapport au coté professionnel c’est ça qui était le plus dure. Sinon, le reste c’est très bien. J’aime bien le fait que beaucoup de choses sont informatisées, comme les inscriptions, les rendez-vous, les factures, etc., ça amène une facilité au quotidien. Je pense qu’en générale, la vie est plus facile ici. Par exemple, lorsqu’on est à l’hôpital, on est bien assisté et bien suivi. Mais tout est facile quand on a une bonne job, sinon tout se complique, c’est ça le challenge. Tout est relatif.


5. Qu’est ce qui vous manque le plus de votre pays d’origine ? 

La chaleur familiale, enfin la chaleur et la famille. Mais surtout la famille, mes parents et surtout mon métier qui me manque vraiment. Je me sens coincée, puisque je ne peux pas exercer la médecine, je suis dans une impasse, c’est trop dur pour redevenir médecin ici.


6. Avec votre connaissance actuelle de la société et du mode de vie, si vous-aviez à reprendre votre décision d’immigrer quel serait votre verdict ?

C’est une question difficile, peut-être que j’aurais tenté l’aventure quand même. Je ne regrette pas à 100% ma décision, parce qu’on a fait quand même des progrès dans certains domaines. Moi, je ne cherche pas à tout prix la citoyenneté.


7.  Si vous aviez à donner votre avis ou un conseil à un maghrébin qui veut immigrer au Québec que lui diriez-vous ? 

Heum... C’est à lui de voir (rire). Pour mieux s’adapter tout d’abord il faudrait qu’il ne soit pas médecin (rire). Sinon, qu’il ne soit pas trop ambitieux parce que ce n’est pas facile ici.