Entrevue avec Rachida

1. Qu’est-ce qui vous a poussé à immigrer aux Québec ? 

En vérité, moi je n’ai jamais pensé à quitter mon pays...l’immigration n’était pas parmi mes projets de vie. C’est mon mari qui m’a convaincue d’entamer la procédure d’immigration...C’était à l’époque de la décennie noire, l’Algérie vivait une douloureuse situation : insécurité, terrorisme, difficultés économiques...tous ces facteurs m’ont poussé à changer d’avis et à considérer l’immigration comme une solution...une sorte d’échappatoire.         

2. Quelle a été votre première impression en arrivant au Québec ? Quelles sont les plus grandes différences entre les deux pays ?

C’est sûr, la première chose qui attire notre attention dès qu’on descend de l’avion c’est le degré du développement du pays. On sent que c’est un pays plus riche et plus développé que le notre...Il y a aussi l’organisation et le bon service, là où l’on va on est bien servi : les administrations, le transport, les hôpitaux, les commerces... dans notre pays on manque d’organisation et le service est catastrophique...il y a aussi une autre chose qui attire l’attention c’est la propreté et la verdure. Il y a des parcs partout et ça on en manque tellement dans notre pays. Bien sûr, il y a le climat qui est complètement différent de celui de notre pays. Les hivers au Québec sont tellement spéciaux, ils commencent par un émerveillement devant la blancheur de la neige et finissent par une dépression hivernale (rire).  


3. Le Québec a-t-il été à la hauteur de vos attentes ?

Je dirai oui et non. Oui, le mode de vie en général, les infrastructures, l’organisation, les facilités tous ça dépasse mes attentes mais je dirai « non » je ne suis pas tout-à-fait satisfaite à cause des obstacles que rencontrent les immigrants dès leur arrivée, tu sais la non-reconnaissance des diplômes et les expériences du travail acquises hors Québec, la discrimination envers les immigrants dans l’emploi...     


4. Quelles sont les plus grandes difficultés auxquelles vous avez dû faire face à votre arrivée?

La première difficulté est le problème du logement. Quand on est arrivé à Montréal en 2002 à cette année il y avait une vraie crise de logement. Comme on avait deux enfants on a eu beaucoup de difficultés à trouver un logement parce qu’en général les propriétaires ne veulent pas louer leur maison à ceux qui ont des enfants. La deuxième difficulté c’était de trouver une place dans une garderie. À l’époque les places subventionnées étaient vraiment limitées donc la première année était difficile pour moi je ne pouvais pas entreprendre la recherche du travail. Je devais garder les enfants. En été je les faisais sortir au parc mais l’hiver c’était l’enfer. Et puis, la plus grande difficulté, bien sûr, était de trouver un emploi. J’ai obtenu l’équivalence de mes diplômes mais tous les entreprises exigeaient l’expérience canadienne, c’était un vrai blocage pour nous.    

    

5. Qu’est ce qui vous manque le plus de votre pays d’origine ?

Ma grande famille, mes parents mes frères et sœurs, mes amies... c’est difficile de vivre loin de sa famille...  l’entraide familial, la joie des fêtes religieuses ça aussi me manque beaucoup. Et puis le beau soleil de mon pays. L’hiver ici est impitoyable. Ça fait plus de 13 ans que je vis au Québec et je n’arrive toujours pas à m’adapter au froid et à la neige.


6. Avec votre connaissance actuelle de la société et du mode de vie, si vous-aviez à reprendre votre décision d’immigrer quel serait votre verdict ?

L’immigration pour moi est une expérience enrichissante et douloureuse à la fois. Si je regarde uniquement mon expérience personnelle je dirai «non » à l’immigration. Vous savez même avec toutes ces années vécues ici, j’ai toujours cette impression qu’une grande partie de moi est restée dans mon pays natal. Par contre si je prends en considération uniquement l’avenir de mes enfants je dirai « oui » à l’immigration. Un grand « oui » sans hésitation.  


7.  Si vous aviez à donner un avis ou un conseil à un maghrébin qui veut immigrer au Québec que lui diriez-vous ? 

Vous savez l’expérience de l’immigration est différentes d’une personne à une autre. Déjà les raisons qui poussent à immigrer sont différentes donc les attentes et les objectifs seront différents... je dirai à celui ou celle qui veut immigrer au Québec de bien peser le pour et le contre avant de prendre la décision finale, car même si  l’immigration a ses avantages elle a aussi son lot de difficultés et de regrets.