L'intégration au travail

L’intégration au travail pour les maghrébins ne se passe pas aussi bien que pour les autres communautés. En effet, leur taux de chômage est un des plus importants, il tourne autour des 17%. Pourtant,  les Maghrébins ont un niveau d’éducation très élevé, puisque 41% détiennent un grade universitaire. De plus, il est à noter que les Maghrébins sont très francisés, étant donné que 89 % d’entre eux connaissent le français. 


Et par-dessus tout, ils sont issus d’une immigration vigoureusement sélectionnée, comme vous pouvez le voir à la section le processus d’immigration, ce qui voudrait normalement signifier qu’ils sont voués au succès puisqu’ils sont considérés comme le nec plus ultra de l’immigration disponible. Cette communauté semble, donc, avoir toute les armes pour bien pouvoir s’intégrer au marché du travail. Cependant, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Mais qu’est-ce qui explique cette débandade en matière d’intégration au travail. Plusieurs causes sont à tenir en compte et c’est ce que nous verrons plus précisément dans ce qui suit.

Tout d’abord, une des causes les plus proéminentes est, sans contredit, la faible reconnaissance des diplômes et de l’expérience étrangère par les entreprises et les ordres professionnels. Sur ce point, la responsabilité est partagée, puisqu’il est vrai que le système d’éducation au Maghreb est moins développé qu’au Québec et que l’expérience acquise dans son pays d’origine n’est, souvent, pas suffisante au Québec étant donné la grande différence entre les deux pays. Par exemple; pour un médecin ce ne sont pas toujours les mêmes médicaments qui sont prescrits dans les deux pays; pour un ingénieur, ce ne sont pas les mêmes matériaux qui sont utilisées et surtout ce ne sont pas les mêmes contraintes : froid et neige au Québec versus chaleur au Maghreb, etc.

 

Cependant,  un blâme est à infliger à l’endroit des ordres professionnels (qui n’existent pas au Maghreb), ces derniers, sont bien trop fermés et ont des demandes irraisonnables. Ils acceptent, chaque année, un quota d’équivalences trop bas. Souvent, ils donnent l’impression qu’ils sont encore dans la mentalité que les immigrants viennent voler leur jobLes ordres sont, sans aucun doute, une barrière à l’intégration au marché du travail. Il faudra inévitablement qu’ils revoient leurs critères et conditions d’acceptation pour éviter que le Québec ne se prive de main d’œuvre qualifiée.

 

La deuxième cause que j’aimerais soulever est la trop grande ambition des Maghrébins; ceux-ci veulent souvent aspirer aux mêmes honneurs que dans leur pays d’origine et ce dès leurs arrivées, sans être conscient de la mise à niveau nécessaire. Ils ont cependant d’une certaine façon raison d’avoir d’aussi grandes attentes, puisqu’ils sont une immigration qui a été très sévèrement sélectionné et que dans ce contexte, ils ont l’impression de pouvoir immédiatement prétendre à un bon poste, malgré leur faible expérience.

 

La troisième cause que je peux répertorier, grâce à mes nombreuses recherches, est la discrimination à laquelle  font souvent face les immigrants maghrébins. Sur le marché du travail, ces derniers partent avec du retard par rapport aux autres travailleurs québécois. En effet, certains employeurs sont réticents à engager des Maghrébins et font parfois preuve de discrimination. Cette discrimination a pu être confirmée en 2013 grâce à l’expérience du sociologue Paul Eid qui a envoyé plusieurs CV identiques, en changeant chaque fois le nom. Il est arrivé a la conclusion suivant : «À profil et à qualifications égales, un Tremblay ou un Bélanger a au moins 60% plus de chances d’être invité à un entretien d’embauche qu’un Sanchez, un Ben Saïd ou un Traoré, et qu’environ une fois sur trois (35 %), ces derniers risquent d’avoir été ignorés par l’employeur sur une base discriminatoire». La discrimination est souvent liée à une ignorance ou une sous-estimation des expériences et les diplômes étrangers de la part des employeurs québécois...

 

Mais, c’est une chose de faire de la discrimination envers les Maghrébins par ignorance et c’en est une autre de faire preuve de racisme ou d’islamophobie. Certaines entreprises justifient leur discrimination par les exigences particulière des Maghrébins  en raison de leur religion, cependant la ligne est très mince entre le refus d’un candidat pour des causes réellement pratiques ou pour des motifs d’exigence religieuse.

Un autre facteur qui nuit aux Maghrébins est leur faible connaissance de l’anglais, car de nos jours tous les bons postes qu’ils convoitent nécessitent une certaine maîtrise de l’anglais. Cependant la non-maîtrise de l’anglais avantage le Québec, puisque les immigrants Maghrébins choisissent souvent le Québec en raison du français. Néanmoins, dès que cette barrière linguistique pourra être franchi, rien n’empêchent les Maghrébins de quitter la province pour aller en Ontario par exemple, à la recherche d’un meilleur sort.

 

Les conséquences

La plus grande conséquence au problème de chômage est la surqualification des Maghrébins. En effet, la plupart n’ont d’autres choix que de se tourner vers la reconversion aux métiers en demande (Chauffeurs de taxi, infirmiers, éducatrices, etc.) et à la création de petites entreprises (Garderie, boulangerie, boucherie, etc.).

J’ai la forte impression qu’en ce moment, nous sommes entrain de sacrifier la première génération au profit d’un investissement à long terme. Car, pendant que les immigrants sont relégués à des métiers de second plan, leur progéniture, elle, grandit dans les écoles québécoises et elle pourra assurément prétendre plus sérieusement à des postes de plus grande envergure.

 

Cette décevante insertion dans le marché du travail génère des conséquences négatives non seulement pour les Maghrébins mais aussi pour le Québec. La politique d’immigration qui visait à accueillir des travailleurs qualifiés pour combler les besoins en main-d’œuvre n’a pas obtenue le résultat escompté. À court terme, l’immigration n’a pas les retombés économiques espérés. Le Québec se prive d’une main d’œuvre qualifiée et les immigrants ne contribuent pas à leur plein potentiel. C’est donc dans l’intérêt des deux partis d’améliorer la situation.

 

Les solutions

 Avant d’y aller avec de grandes réformes, il faudrait commencer par la base, c’est à dire informer et sensibiliser les entreprises pour que celles-ci facilitent le recrutement des nouveaux arrivants et reconnaissent les diplômes et les expériences acquises à l’extérieur du Québec. Cette reconnaissance diminuera probablement la discrimination envers les immigrants.

 

Une solution un peu plus radicale consisterait à revoir les critères et les conditions exigés par les ordres professionnels. Ceux-ci ont des exigences trop élevés et nuisent certainement à l’insertion des Maghrébins dans le marché du travail.

 

Une autre possibilité pour améliorer l’intégration serait un meilleur suivi des immigrants. Car, après le long processus d’immigration, une fois arrivés au pays d’accueil, les immigrants sont laissés à eux même. Ils doivent se faire leur propre réseau contact, ainsi que leur propre repère et démarche à suivre pour s’intégrer. Ce que je propose, c’est qu’il y est un certain suivi par le gouvernement (ex : 2 fois par mois lors des trois premiers mois, puis une fois par mois lors des 5 suivants). Ce suivi leur permettra de suivre la bonne démarche, de prendre la bonne décision et de bien réussir leur intégration.

 

Pour améliorer l’intégration des Maghrébins au marché du travail, on pourrait modifier la grille de sélection des immigrants. En accordant plus d’importance à l’emploi qui ne représente que 13 % de la grille. En décernant, par exemple, plus de points au Maghrébins qui ont une forte chance de trouver un emploie de part leur domaine d’étude. De plus, on pourrait aussi augmenter le nombre de points accordés à l’anglais, puisqu’un travailleur est plus souvent freiné par son ignorance de l’anglais que du français.

 

Les immigrants ont aussi leur part de responsabilité. Ils devraient commencer à apprendre l’anglais et à s’informer des conditions et expériences requises pour exercer le métier qu’il convoite avant d’arriver au Québec.  

 

Au final, ce qui bénéficierait sans doute le plus aux immigrants maghrébins ce serait un changement de philosophie et de vision vis-à-vis l’immigration. Plus facile à dire qu’à faire, me direz-vous, mais ce changement est nécessaire afin de suivre la réalité des immigrants de nos jours.