Le fardeau de la deuxième génération

Depuis ma tendre enfance, j’entends mes parents m’inciter à travailler, à persévérer, mais surtout à réussir. Réussir académiquement, mais aussi réussir à m’intégrer et à m’épanouir dans la nouvelle société qu’ils ont choisie pour moi. Pourquoi tant de pression de la part de mes parents? Et bien tout simplement parce que je suis un enfant de la deuxième génération...

En immigrant, mes parents (la première génération) ont tous laissé derrière eux et ont accepté de repartir à zéro, en grande partie pour me garantir un meilleur avenir. Ils savaient pertinemment qu’en immigrant, ils risquaient de délaisser une partie de leur passé et de sacrifier un peu de leur futur pour ne pas dire de leur vie. L’intégration de mes parents comme celle de toute leur génération ne s’est pas faite entièrement. En effet, ils ont été en quelque sorte délaissés par le gouvernement, résiliés à faire des sacrifices au profit de la deuxième génération. 

 

J’avais donc pour unique mandat dès ma tendre enfance, la simple tâche de réussir là où eux ils ont échoué : l’intégration. J’avais le devoir de m’intégrer et d’exceller aux études pour avoir contrairement à eux, un futur à la hauteur de mon potentiel. Mais ce n’est pas tout, dans mon carnet de bord figurait aussi une autre mission digne d’être mentionnée, celle de perpétrer et de conserver ma culture d’origine pour éviter de perdre mes racines et un morceau de mon identité en même temps. Réussir tout en restant attaché à la culture d’origine, voilà un défi d’envergure! Un défi qui est pourtant le mien et aussi celui d’une génération entière.

 

Mais toute cette pression est-elle culpabilisatrice ou motivante ? Je pense que ça diffère d’une personne à une autre. Dans mon cas, elle est motivante, car mes parents en me poussant toujours au maximum m’incitent à m’épanouir et à viser le meilleur. Cependant, le fait de répéter, sans cesse comme le font certains parents, à leur enfant qu’il doit absolument réussir, car il est l’unique raison qui les a poussée à immigrer, peut développer chez ce dernier un sentiment de culpabilité. Un sentiment de ne pas être à la hauteur des attentes et des espoirs de ses parents.    

 

Au final, le fardeau de la deuxième génération, n’est pas l’obligation d’absolument réussir, mais bien le devoir de rendre ses parents fiers et de leur montrer qu’en fin de compte, leur immigration n’était pas en vain.